Eclipsée par la renommée de son époux Edmond Rostand, Rosemonde Gérard mérite une place de choix dans le panthéon littéraire de la Belle Époque.
Née Louise Rose Étiennette le 5 avril 1866 à Paris, elle est le fruit d’une liaison adultérine. Évoluant dans un milieu propice à l’épanouissement intellectuel, elle bénéficie d’une éducation distinguée. Le cercle familial, fréquenté par des sommités littéraires, nourrit son goût pour la poésie et le théâtre.
Rosemonde publie son premier recueil de poèmes Les Pipeaux en 1889. Il reçoit le Prix Archon-Despérouses de l’Académie française. Sa poésie, empreinte de finesse et de sensibilité, trouve un écho favorable. Son poème « L’Éternelle Chanson » devient célèbre avec ses vers : « Car, vois-tu, chaque jour je t’aime davantage, / Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain. » Plusieurs de ces poèmes seront mis en musique par Emmanuel Chabrier, Francis Poulenc, etc.
Elle rencontre Edmond Rostand à Luchon en 1883 ou 1884. Partageant une passion pour la poésie, ils se marient en 1890. Rosemonde se consacre alors intensément à l’œuvre d’Edmond, mettant de côté pour le soutenir, sa propre carrière littéraire. Devenue sa première lectrice et sa principale collaboratrice, elle crée un environnement favorable à l’épanouissement du talent dramatique d’Edmond. Ils forment un couple emblématique de la Belle Époque.
Alors que le couple se sépare (1910-1911), Rosemonde reprend ses activités littéraires. Par la suite, elle ne cesse d’écrire, quelquefois en collaboration, des recueils de poésie, des pièces de théâtre, des livres en prose, des textes mis en musique ou publiés dans les journaux et les revues. En 1923, elle publie une édition augmentée des Pipeaux. Pour son recueil L’Arc-en-ciel en 1926, elle remporte à nouveau le prix Archon-Despérouses de l’Académie française. Son style se caractérise par une sensibilité lyrique et une maîtrise de la forme classique. Après le décès de son mari en 1918, elle s’emploie également à entretenir son souvenir. D’une part en publiant plusieurs de ses œuvres à titre posthume et d’autre part en donnant sur lui de nombreuses conférences, qu’elle rassemble en 1935 dans un ouvrage, Edmond Rostand, qui constitue un témoignage précieux de leur collaboration artistique. Reconnue par ses pairs, Rosemonde Gérard siège au jury du prix Femina. Elle est nommée chevalier de la Légion d’honneur en 1931, puis officier en 1950. Elle s’éteint le 8 juillet 1953 à 87 ans.
Rosemonde Gérard est bien plus que l’épouse d’Edmond Rostand : au-delà de son association avec lui, elle mérite d’être reconnue comme une figure littéraire à part entière. Elle est une poétesse passionnée avec une voix unique et inspirante. Ses contributions à la littérature de la Belle Époque sont significatives.
En 2024, l’œuvre de Rosemonde Gérard entre dans le domaine public. L’association « Les Amis d’Arnaga et d’Edmond Rostand », avec les éditions Kilika, entreprend la réédition de son ouvrage Edmond Rostand. D’autres rééditions sont à l’étude, promettant une redécouverte de l’ensemble de son œuvre.
Cette redécouverte est essentielle puisqu’elle enrichira notre compréhension de la Belle Époque et, surtout, rendra justice à Rosemonde Gérard en lui donnant la place qu’elle mérite dans le patrimoine artistique français.
© OLIVIER AUBRIET
Préfacier de la réédition du livre Edmond Rostand de Rosemonde Gérard aux éditions Kilika, 2024.
Passionné par Edmond Rostand et collectionneur, grand donateur pour le Musée Edmond Rostand et la Fondation Napoléon, membre du conseil d’administration des Amis d’Arnaga et d’Edmond Rostand, membre du cercle des Ambassadeurs de la Fondation Napoléon, Olivier Aubriet s’investit depuis de nombreuses années pour un patrimoine culturel partagé et accessible à tous.
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