Marie de France, dont l’histoire est assez mystérieuse, est une femme de la seconde moitié du XIIe siècle, vivant à l’époque médiévale.
Marie ai num,si sui de France qui peut se traduire « J’ai pour nom Marie et je suis de France » est l’unique vers de cette poétesse qui nous laisse deviner, voire affirmer, que la France est sa terre natale. C’est ainsi qu’au XVIe siècle, le nom de Marie de France lui a été donné. Malgré ses origines françaises, elle aurait vécu en Angleterre à la cour d’Henri II Plantagenêt et de la reine Aliénor d’Aquitaine.
Pour mieux comprendre son histoire, il est essentiel d’examiner le milieu dans lequel elle a vécu, tout en tenant compte du contexte historique de l’époque.
Avant d’être couronné roi d’Angleterre, le roi Henri II a été successivement : duc de Normandie, comte d’Anjou et du Maine, et duc d’Aquitaine. Il en est de même pour la reine, qui fut duchesse d’Aquitaine, comtesse de Poitiers avant d’être couronnée reine de France, puis reine d’Angleterre Un siècle plus tôt, l’Angleterre avait été conquise par les Normands, et la principale langue du royaume était le français. La cour d’Angleterre du XIIe siècle était alors bercée par la culture française. Malgré les zones d’ombre de sa biographie, nous pouvons aisément imaginer que Marie de France ait vécu dans un environnement privilégié imprégné du raffinement de la culture française.
Tandis qu’à son époque la majorité de la population était analphabète, Marie de France savait lire et écrire plusieurs langues. Elle est pour cela considérée comme la première femme de lettres en Occident qui écrit en langue « vulgaire » et non en latin.
Ses écrits sont la preuve de son goût et de son intérêt pour différentes langues et différentes cultures comme par exemple dans cet extrait issu du Lais du Rossignol (le Laüstic) modernisé par Françoise Morvan : Une aventure vous dirai, Dont les Bretons firent un lai. Le laüstic ce m’est avis, L’appellent-ils en leur pays, Soit dit « Rossignol » en français ou « Nightingale » en bon anglais.
Ce savoir et la pratique de plusieurs langues mettent en lumière le brillant esprit de cette femme du Moyen Âge. Elle va mettre à profit ces compétences dans les œuvres qui lui sont attribuées, mais il est probable, bien que nous n’en n’ayons pas la certitude, qu’elle ait été également l’autrice d’autres ouvrages.
Son œuvre la plus célèbre, appelée Lais de Marie de France est composée de plusieurs manuscrits, un seul d’entre eux regroupant une douzaine de poèmes en octosyllabes d’une centaine de vers chacun.
Lors de l’écriture de ces lais et de leur adaptation en langue d’oïl, l’autrice a trouvé son inspiration dans la littérature latine d’Ovide, de Tristan et d’autres auteurs moins connus. Sa volonté de préserver la tradition de ces contes donne naissance à une profusion de schémas d’écritures où elle s’efforce d’assembler la richesse traditionnelle et la magie des légendes avec la nouvelle esthétique, caractérisée par le développement narratif et une description subtile des personnages.
Cet assemblage de traditions celtiques et latines permet à Marie de France d’explorer les légendes du folklore, les valeurs chevaleresques, la célébration de l’amour ainsi que la vie à la cour.
Nous avons tendance à attribuer au seul Jean de la Fontaine les mérites de la fable, héritage des auteurs antiques alors qu’un demi-siècle avant lui, Marie de France avait déjà exploré ce genre littéraire.
Grâce à une langue simple et limpide, cette femme s’est consacrée à la traduction et à l’adaptation d’une centaine de fables du poète grec Ésope en anglo-normand — variante de l’ancien français.
La fabuliste du XIIe siècle nous offre le premier recueil de fables en français doté d’un contenu d’une grande richesse par son étude de l’Antiquité, l’emprunt à la littérature arabe ainsi que son travail poétique et politique. Ces fables dépeignent les ruses de l’adultère féminin, des aventures animalières dans lesquelles nous pouvons rencontrer sorcières, dragons et lutins tout en dénonçant avec mérite l’oppression des faibles par les plus forts ainsi que l’avidité des privilégiés.
Les écrits de cette autrice ont connu un succès considérable en France et en Angleterre avant de retourner dans l’oubli pendant de nombreux siècles.
Heureusement, depuis 2005, la maison d’édition « Talents Hauts » fondée par Laurence Faron s’efforce de redonner de la lumière aux figures littéraires féminines oubliées comme notre remarquable Marie de France.
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