Rosa Bonheur, l’affranchie


Peintre animalière vénérée aux États-Unis, en Angleterre et dans le monde entier par Napoléon III, la Reine Victoria, Buffalo Bill, Georges Bizet et tant d’autres, respectée, mais également fort critiquée en France, Rosa Bonheur (1822-1899) a vécu dans la transparence. Partisane du réalisme académique, pionnière du féminisme, Rosa Bonheur s’est consacrée à son art et à la « sainte mission d’élever la femme ».

Première artiste à recevoir la croix de la Légion d’honneur des mains de l’impératrice Eugénie, première femme promue au grade d’officier dans cet ordre par le souhait du président de la République Sadi Carnot, cette avant-gardiste « culottée » qui possédait un permis de travestissement pour porter des pantalons, est passée d’une gloire internationale de son vivant à la plus ingrate indifférence peu après sa mort.

Aujourd’hui, grâce à l’essor du château-musée Rosa-Bonheur à Thomery, en Seine-et-Marne, à la faveur de documentaires et d’écrits, le talent de Rosa Bonheur est de nouveau mis à l’honneur.

En juin 1860, Rosa achète justement ce château à un banquier pour la somme de 50000 francs, ce qui équivaut pour elle, en plein succès, au prix de son tableau : Le Marché aux chevaux. Jusqu’à son dernier souffle, Rosa vit dans son refuge. Le parc, la forêt et le château forment un atelier sans clôtures destiné aux animaux, ses nombreux compagnons. Persuadée que le regard des bêtes porte le reflet de leur âme, Rosa dessine sans cesse leurs expressions.

Rosa gagne bien sa vie. Nathalie Micas, son amie d’enfance, et sa mère l’ont rejointe, pour honorer un pacte de solidarité au service de l’art.

Femme d’engagement, Rosa Bonheur défend la préservation de la forêt de Fontainebleau aux côtés de Denecourt, le baliseur de chemins. Mais l’écologie n’est pas son seul combat.

Opiniâtre à soutenir les droits de la femme, instaurant par son exemple l’idée du matrimoine en opposition au patrimoine et les contraintes qu’il impose à ses semblables, l’artiste lègue un héritage de 900 toiles. Après sa mort le 25 mai 1899, Anna Klumpke, son héritière et légataire universelle, organise une vente aux enchères et fait don de certaines à l’État français afin de pérenniser la mémoire de l’amie qu’elle admirait et vénérait.

En 2017, le château de By embelli par Katherine Brault et sa famille devient le Musée Atelier Rosa Bonheur. Ouvert au public, il invite ses visiteurs à s’immerger dans l’univers de Rosa.

Dans l’atelier que l’artiste nommait son sanctuaire, une immense toile attire le regard. Il s’agit d’un tableau inachevé… Des chevaux en plein galop. Telle une métaphore pour dépeindre la personnalité de Rosa éprise de liberté.

©Albertine Gentou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *